Médée, de Sénèque

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Médée, de Sénèque
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Traducteur : Pierre Maréchaux

Résumé du quatrième de couverture : Médée, une mère aimant trop ses fils, commence par tuer sa bru avant de les exterminer, sur la scène, aux yeux de tous. Cette pièce forte, où Shakespeare et les dramaturges élisabéthains viendront s’abreuver, ne s’achève pas sur la punition, mais sur l’envol de la criminelle, emportée par un char que tirent des dragons.

Mon résumé : Médée, princesse magicienne de Colchide, devenue épouse de Jason (vous savez, celui de la Toison d’or) contre l’avis de son père et de tous ceux de son peuple, partie en exil avec lui. Ils arrivent à Corinthe, où Jason rencontre Créüse, la fille de Créon, le roi de cette cité. Il demande sa main et l’obtient. La pièce débute sur la colère noire de Médée jalouse, trompée par son mari. Au long de la tragédie, on la voit être bannie de la cité, puis obtenir un jour de répit pour dire adieu à ses enfants, comploter sa vengeance et la mettre à exécution, en tuant Creüse et ses propres enfants.

Extraits :
Scène II, vers 164-167
Nourrice
Elle est loin la Colchide, ton époux t’a trahie
Et d’une si grande puissance plus rien ne te reste.
Médée
Il me reste Médée, et en elle tu vois la mer et la terre
Le feu et le fer, les dieux et la foudre.

Scène III, vers 282-284
Médée
Suppliante, c’est dans mon départ que je t’implore pour la dernière fois
Que la faute de leur mère ne retombe pas sur des fils innocents.
Créon
Va-t-en ! Je les recueillerai affectueusement dans mon sein tel un père.

Scène IV, vers 575-578
Médée
Ces présents, mes fils iront sur mon ordre les porter à l’épousée,
Mais auparavant ils seront enduits et chargés de funestes maléfices.
Qu’on invoque Hécate ; qu’on prépare le rituel de mort :
Qu’on dresse les autels et que bientôt les flammes crépitent jusqu’aux toits.

Critique :
Difficile de critiquer une pièce écrite dix-neuf siècles avant notre naissance… Les exigences n’ont rien à voir, les mentalités et les modes sont si différentes… Mais je m’atèle tout de même à la tâche, courageusement ^^ !
J’ai beaucoup aimé lire cette pièce, à la fois parce que  j’aime la mythologie, parce que c’est une des peu nombreuses pièces antiques qu’on a conservées, et parce qu’on y voit quelques touches féministes ! Médée est un beau personnage, complexe, avant tout une femme amoureuse bafouée, mais aussi une mère aimante et une magicienne d’ascendance divine. Il y a des scènes magnifiques où elle ne sait plus quelle femme écouter en elle. En revanche, pour une pauvre jeune du XXIe siècle, les chœurs sont vraiment longs et relativement ennuyeux. J’ai beau savoir que c’était une composante essentielle du théâtre grec, ces passages, descriptifs le plus souvent, sont à la limite de me faire sauter des pages (ce que seule la description de Notre Dame de Paris éponyme dans le roman de Victor Hugo a réussi à me faire faire !).

+ : traduction reprenant la versification
beaux personnages
lire une pièce aussi ancienne

- : appels de notes parfois inutiles alors que d’autres allusions mythologique ou culturelles restent obscures.
Chœurs
Brièveté de la durée de l’intrigue (moins d’une journée)

Note : je ne me permettrais pas !

Détails pratiques : - traduction récente chez « Le Livre de Poche », collection « Les Classiques d’aujourd’hui »
- 1,43 €
- 68 pages sans la préface

Critique de Viveleslivres, administratrice du Forum Litterat de Bibliothèque, et votre serviteuse !
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C
Youpi, un blog sur les livres ! <br /> <br /> Je ne sais pas si tu as lu Médée d'Euripide, mais si ce n'est pas le cas, je te le recommande (même si là aussi, tu n'échapperas pas aux Choeurs, auxquels on peut néanmoins survivre)<br /> Ah, aussi, je le cite qu'après car cette réecriture date beaucoup moins : Médée, de Jean Anouilh...superbe ! quand tu lis ça après Sénèque ou Euripide, il faut bien avouer que c'est réjouissant !^^ Lui, je te le recommande vraiment si tu as juste un peu de temps, c'est vraiment une version du mythe intéressante, pis il est super bien, faisons simple ! Après, il y a aussi Médée-Kali de Laurent Gaudé, mais là, j'avoue avoir été un peu déçue... enfin, je dirais que c'est moins accessible pour des personnes qui, comme moi, sont un poil larguées niveau poésie.<br /> Voilà, bonne continuation pour ton blog fort sympathique !
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W
Ton commentaire me fait très plaisir !Oui, j'ai aussi lu Médée d'Euripide bien qu'en vitesse, et sur le net, pour cause d'exposé fait à la dernière minute ^^ Mais ça m'a bien plus plu, pour des tas de raison ! Tout d'abord la complexité de Médée, qui n'est pas simplement une femme jalouse, presque une Furie, comme Sénèque la représente, mais au contraire multiple, à la fois femme amoureuse trahie, mère aimante... et sorcière tout de même, avec ce que ça implique !D'Anouilh, j'avais lu Antigone et j'avais bien aimé, donc pourquoi pas ! Si je le trouve en bibli... Parce que mon monnaie a une certaine tendance à se vider rapidement quand j'entre dans des librairies... (Cet été, presque 60 € en deux petites visites...) !En tout cas, n'hésite pas à repasser, et à me dire ce que tu aimes lire par ailleurs :) Mes goûts sont assez éclectiques - comme on peut le constater aisément !À venir :- 1 article sur  Orlando, de Virginia Woolf- 1 article sur L'oiseau d'Amérique, de Walter Tevis- 1 article sur la BD De Cape et de Crocs- 1 article sur Chien méchant, d'Akif Pirinçci (me demande bien comment ça se prononce !)Voilà...Littérairement,Viv